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Le Texte massorétique

 

La variante proto-massorétique est le Texte en hébreu sur lequel des érudits juifs - les massorètes -  vont travailler pour maintenir un Texte inspiré par Dieu dans une langue devenue morte depuis longtemps. Plusieurs écoles de massorètes ont ainsi produit des codex jusqu'au IXème siècle, époque où le Texte de l'école de Tibériade est devenu la norme et n'a presque plus évolué.

 

 

 

 

Les versions

 

Le Texte proto-massorétique

Une trace de ce texte a été conservée à travers des traductions en araméen appelées targoumim et à travers une traduction en syriaque appelée peshitta.

 

Période de rédaction : IIème - Ier siècle avant JC

Langue : Hébreu

 

Ier - IIème, voire IVème siècle après JC

   Targoum Neofiti ou Targoum des Néophytes (Torah)

Composé de 450 feuillets rédigé en judéo-araméen occidental (Palestine), ce targoum est conservé à la Bibliothèque du Vatican. L'hypothèse d'une rédaction tardive au IVème siècle conduirait à considérer que le codex est basé sur le Texte massorétique intermédiaire (voir ci-après).

 

Biblia. Vetus Testamentum. Pentateuchus (Neofiti.1)

Bibliothèque du Vatican, Digivatlib

 

IIème siècle après JC

   Targoum d'Onkelos (Torah)

   Targoum des Prophètes ou Jonathan (Nevi'im)

tous deux rédigés en judéo-araméen de Babylone

   Bible d'Aquila

   Bible de Théodotion

   Bible de Simmaque

Ces trois traductions en grec nous sont connues car elles ont été reprises par Origène dans ses Hexaples (voir ci-dessous). Celle d'Aquila, réalisée vers 140/150, eut longtemps une grande autorité auprès des Juifs et fut même préférée à celle des Septante. Celle de Théodotion est plus tardive et elle a été largement recopiée dans les églises chrétiennes primitives. Celle de Simmaque inspira, quant à elle, Jérôme de Stridon quand il composa la Vulgate.

 

IIIème siècle après JC

   Hexaples (ou Hexapla) d'Origène

L'ouvrage d'Origène réunit et compare le texte hébreu, la translittération de l'hébreu en caractères grecs, la Septante et les traductions grecques d'Aquila, Théodotion et Symmaque. L'Hexapla a été perdu au VIIème siècle. Mais des fragments ont été retrouvés aux XVIII et XIXèmes siècles.

 

Origenis Hexaplorum quae supersunt

   

édition Frederick Field, Oxford, 1875

 

VIème - VIIème siècle après JC

   Peshitta - Bible syriaque de Paris

   Targoum des Prophètes ou Jonathan (Nevi'im)

 

 

Le Texte massorétique intermédiaire

Les événements du Ier siècle après JC vont accentuer les divergences dans le Texte, à l'image de celles des juifs : la destruction du Temple de Jérusalem en 70 après JC, l'extension de la dispora juive, le développement des communautés nazoréennes (les juifs devenus chrétiens) mettent un terme au centrisme de Jérusalem. Les copies du Texte proto-massorétique se multiplient, et avec elles les erreurs des copistes.

Le concept d'un Texte parfait se répand et va conduire les scribes à perfectionner leurs copies du Texte massorétique.

 

Période de rédaction : IIIème siècle après JC

Langue : Hébreu

 

IVème siècle avant JC, entre 390 et 405

   La Vulgate de Saint Jérôme (latin)

Les traductions en latin de la Septante grecque (vetus latina) s'étaient multipliées aux IIème et IIIème siècles, et étaient de médiocre qualité. C'est pourquoi Damase, évêque de Rome, commande à Jérôme de Stridon une nouvelle version latine de la Bible, en 383. Pour traduire l'Ancien Testament, Jérôme choisit de travailler sur une version du Texte massorétique, en hébreu, et il se rend même en Palestine pour consulter les docteurs juifs. Il s'appuie aussi sur la version grecque officielle d'Eusèbe.

La Vulgate ne fera autorité dans l’Église catholique romaine qu'à partir de la version révisée, appelée sixto-clémentine, en 1592.

 

VIème siècle avant JC

   Codex Hilleli

   Codex Muga

Avant que le Texte massorétique ne soit stabilisé au IX ou Xème siècle, quelques codex hébreux comme celui d'Hilleli ou de Muga faisaient référence et sont évoqués dans les écrits du Moyen Age. Ces codex ont été perdus, celui d'Hilleli peut-être lors de la persécution des juifs en Espagne au XIIème siècle.

 

VIIIème siècle avant JC, vers 800

   La Vulgate d'Alcuin (latin)

La Vulgate d'Alcuin n'est ni une variante, ni une version à proprement parler. Les corrections qu'Alcuin apporte à la Vugate de Saint Jérôme, à la demande de Charlemagne, concernent la grammaire, l'orthographe et la ponctuation. Sa révision est alors largement adoptée, même si les versions produites par la suite sont considérées comme des copies de la Vulgate de Saint Jérôme.

 

Bible de Moutier-Grandval

 

Bible Vivien ou de Charles le chauve

Elles ont sans doute été écrites et enluminées, toutes les deux, à l’abbaye de Saint-Martin de Tours, la première vers 835, la seconde vers 845/846. La Bible de Moutier-Grandval est aujourd'hui au British Museum.

 

Bible Vivien

Bibliothèque Nationale de France, Gallica

 

Seconde Bible de Charles le chauve

   

Elle a été rédigée et enluminée à l'abbaye de Saint-Amand vers 871/877, sans doute à la demande du roi Charles le chauve.

 

Seconde Bible de Charles le chauve

Bibliothèque Nationale de France, Gallica

 

 

Bible historiale de Guyart des Moulins (français)

   

Datée du XIIIème siècle après JC, vers 1297, la Bible historiale de Guyart des Moulins est la première version de la Bible traduite en langue française à destination des laïcs. Il existait auparavant une version en francien, incomplète et destinée aux universitaires, qu'on appelle aujourd'hui la Bible du XIIIème siècle. Dans les deux cas, il s'agissait donc des premières traductions (en francier et en français) d'une traduction (en latin).

 

Bible de Gutemberg, Mayence, 1455

 

Bible de Jean de Rély (français), 1487

 

Bible d'Anvers de Lefèvre d'Étaples, 1530

 

Bible de Louvin, 1550

    Targoum Yerushalmi ou pseudo-Jonathan

 

XVIème siècle avant JC, 1592

  Vulgate sixto-clémentine (latin)

 

 

Le Texte massorétique définitif

A partir du VIIème siècle, la réputation des Massorètes travaillant dans les écoles de scribes à Jérusalem, Tibériade et Babylone, va imposer leurs versions de la Bible hébraïque. Elles font autorité au regard de la qualité des copies. Même si la pratique de la Massorah est globalement réglementée, des différences significatives existent entre les copies des écoles. Elles restent toutefois mineures sur le fond puisqu'elles portent sur la vocalisation, les accents ou la ponctuation. Au Xème siècle, ce sont finalement les copies de deux écoles de Tibériade, celle de la famille Ben Asher et celle de la famille Ben Naphtali qui vont s'imposer. Le Texte massorétique ne bougera plus, ou presque, dans les siècles suivants.

 

Période de rédaction : VIIème - Xème siécle après JC

Langue : Hébreu

 

Xème siècle après JC

  Codex Babylonicus Petropolitanus (Nevi'im)

  Codex d'Alep ou de Ben Asher

Rédigé vers 920, le codex d'Alep est la plus ancienne version de la Bible hébraïque. Par sa validation de la main d'Aharon ben Moshe ben Asher, il est la référence du Texte Massorétique définitif. La communauté juive d’Alep en Syrie a conservé soigneusement le document pendant des siècles. Mais les émeutes anti-juives à Alep en 1947 sont responsables de la perte d'un tiers du codex, dont une grande partie de la Torah. Le codex d'Alep est exposé dans le Sanctuaire du Livre du Musée d'Israël et il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

  Codex de Londres (Torah)

Rédigé entre 920 et 950 par le scribe Nissi ben Daniel, le codex est une copie du Texte établi par Aharon ben Moshe ben Asher. Il y manque une partie de la Genèse et du Deutéronome. Il est détenu par la British Library.

 

Codex de Londres

British Library, Londres

  Pentateuque de Damas ou Codex Sassoon 507

Là encore, le codex suit le Texte massorétique établi par les écoles de Tibériade quelques années plus tôt, et notamment celui Aharon ben Moshe ben Asher. Il est parfois appelé "manuscrit mixte" car la vocalisation suit pour moitié celle de Ben Asher et pour l'autre moitié celle de Ben Naphtali. Il est la propriété de la Bibliothèque nationale d'Israël.

The Damascus Pentateuch

   

Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1978-1982

Rosenkilde and Bagger, Copenhague, 1978-1982

  Codex S1 ou Sassoon 1053

Le codex S1 du nom d'un de ses propriétaires, David Sassoon, serait aussi ancien que le codex d'Alep, mais il est surtout beaucoup plus complet. Il est encore aujourd'hui en propriété privée.

 

XIème siècle après JC

  Codex Leningradensis

Le Codex Leningradensis est le manuscrit complet du Tanakh le plus ancien ; il est daté en 1008. D'après son colophon, ce serait une copie du Codex d'Alep attribué à Ben Asher. Le fait qu'il soit complet en fait une source privilégiée pour toute version ou traduction ultérieure de la Bible hébraïque. Il est conservé à la Bibliothèque nationale russe de Saint-Pétersbourg.

Biblia Hebraica de Kittel

   

éditions de 1906, 1925 et 1937

Biblia Hebraica Stuttgartensia, 1977

Westminster Leningrad Codex

Il s'agit de la version numérique de la Biblia Hebraica Stuttgartensia qui est utilisée sur des sites présentant l'Ancien Testament en hébreu.

  Codex Cairensis (Nevi'im)

 

 

  Autres manuscrits non identifiés

 

Ancien Testament

L’Ancien Testament entier fut imprimé en 1488, à Soncino (Lombardie), d’après des manuscrits de valeur inégale et avec des fautes assez nombreuses.

Bible de Gersom

 

 

Brescia, 1494

 

Bible rabbinique de Bomberg

 

 

Venise, 1516-1518

 

Hebraica Biblia Latina planeque noua

   

édition de Sébastien Munster, Bâle, 1534-1535

 

Biblia Hebraica (4 volumes)

   

édition/impression de Robert Estienne, Paris, 1539-1544

Ces quatre dernières ne sont que de nouvelles éditions de la princeps de Soncino de 1488.

 

Bible d'Olivétan ou Bible des Martyrs (français), 1535

   

Il s'agit de la première Bible en français, traduite à partir du Texte massorétique et non d'une traduction latine.

Une révision de cette bible, appelée Bible de Genève, a été publiée en 1562 ou 1588.